LA LÉGENDE DES TROIS VIERGES DE CAESTRE

jeudi 14 janvier 2021
par  François DART
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Il était une fois, au vif siècle, au temps du bon roi Dagobert et du brave saint Éloi, d’autres disent que ce fut plus tard, au temps du puissant Charlemagne, trois jeunes princesses anglaises répondant aux doux prénoms d’Édith, Aelfride et Sabina.

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En ces temps reculés, les princesses anglaises étaient non seulement belles, sinon il n’y aurait pas d’histoire, mais aussi emplies de vertu, comme quoi tout change ...

Or donc, jeunes, belles, riches et vertueuses, elles furent immanquablement courtisées par trois jeunes Anglais ; ceux-ci, déjà, manquaient à ce point d’éducation, je veux parler de la bonne, bien sûr, qu’ils prétendirent sérieusement consommer le morceau le plus tendre du mariage avant d’être passés devant le prêtre, ce à quoi, naturellement, se refusaient constamment nos trois petites Anglaises, au grand dam de nos trois petits cochons ! Ceux-ci cependant pressaient tant et tant, au sens figuré, nos trois vierges de succomber enfin qu’Édith, Aelfride et Sabina, lasses de résister vaillamment sur place, décidèrent un jour de partir en voyage, mettant ainsi la mer entre elles et leurs soupirants, pour ne se marier dans leur pays qu’à leur retour.

À cette époque, l’on franchissait très couramment la mer du Nord pour aborder au nord-ouest du pays franc, sur les côtes soit du golfe de l’Yser non loin de Dixmude, soit de celui de l’Aa non loin de Saint-Orner. Puis, l’on prenait la route d’Arras, de Paris, de Bourgogne, l’on descendait la Saône et à Marseille l’on s’embarquait pour Rome.

Or donc, tel fut le voyage qu’entreprirent nos trois vertueuses. Elles abordèrent près de Wormhout où elles passèrent leur première nuit à l’hospice pour pèlerins que tenaient les moines de l’abbaye locale. Le lendemain, elles prirent la route de Cassel, pensant ensuite rejoindre Caestre et Strazeele d’où la route obliquait franchement vers le sud, je veux dire vers Arras.

Hélas ! peu après Cassel, à l’entrée de Caestre, elles furent rejointes par leurs trois malhonnêtes soupirants qui, en bons Anglais qu’ils étaient, connaissaient très bien la route principale qui menait à Paris et à ses plaisirs. Et là, là... il se passa... ce qui devait se passer et dont l’horreur est telle que, plus de mille ans après, je dois encore me forcer pour vous narrer les faits.

Donc, nos trois monstres réitérèrent leurs demandes incongrues aux trois vertueuses princesses, en les menaçant de mort si elles ne voulaient mie condescendre à leur céder ... vous avez deviné ce dont il était question ! Bien entendu, elles refusèrent et, tenant cette fois leurs promesses, les trois jeunes Anglais trucidèrent sur-le-champ leurs trois compatriotes, sans se soucier du caractère d’autant plus délictuel de leurs actes qu’ils se produisaient hors de leur pays, je veux dire dans notre bonne Flandre encore peu habituée à de tels débordements.

Ceci est cependant une belle histoire et, pour être considérée comme telle par les générations futures qu’elle est censée édifier, il importait qu’elle se terminât bien. Or donc, à quelque distance de là, au village-carrefour appelé pour cette raison Strazeele, demeurait un chevalier, pris de cécité et fréquentant assidûment l’église. Noble, aveugle et pratiquant : voilà trois caractéristiques qui en ce temps-là vous prédisposaient naturellement à bénéficier d’une vision céleste

Et ce fut ce qui arriva : la Vierge Marie lui apparut et lui enjoignit d’aller sur la route de Caestre en se laissant guider par les voix célestes, en l’occurrence celles des petits oiseaux qui avaient reçu du ciel délégation spéciale à cet effet. Tout se passa comme prévu : à l’entrée du village, notre brave chevalier trébucha sur les corps des trois jeunes vierges qui baignaient dans une mare de sang, enduisit ses paupières dudit sang et... recouvra la vue ! Alors, il éleva en ces lieux une chapelle où il fit ensevelir les corps des trois vertueuses. Aujourd’hui encore, s’élève la chapelle des trois vierges au même emplacement à Caestre ; bien sûr, ce ne sont plus les murs d’origine mais vous y trouverez deux vitraux et quelques tableaux qui vous raconteront, en peinture et en flamand, l’histoire que je viens de vous narrer.

Peut-être certains détails diffèrent-ils de la présente version, mais celle-ci est la plus savoureuse et, après tout, si dans ce bon pays de Flandre on ne peut toujours pas consommer avant le mariage, au moins n’est-il pas interdit d’en rire à notre façon, godverdom !

Éric VANNEUFVILLE


En ce 14 janvier 2021 ... que dire d’autre que : que d’eau ... que d’eau ...

"Cette célèbre expression nous vient du Président de la république de l’époque, le Maréchal Mac-Mahon, venu à Toulouse le 26 juin pour constater les dégâts causés par une crue extrême de la Garonne surnommée l’Aïguat* de la St Jean. Le Préfet qui l’accompagnait sur le terrain lui aurait répliqué :

« et encore, vous ne voyez que la surface ! ».

Le 23 juin 1875, en effet, une crue majeure de la Garonne ravage la ville de Toulouse d’une manière dramatique. C’est surtout le quartier St-Cyprien, bâti dans le creux d’un méandre* du fleuve qui subit les effets de son débordement. On y compte plus de 200 morts et plus de 1 000 bâtiments détruits. Trois des quatre ponts de la ville sont détruits."


Commentaires

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