La collégiale saint-Pierre de Lille

lundi 21 décembre 2020
par  François DART
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Dans la rubrique "nos chers disparus", je demande la collégiale saint-Pierre de Lille.

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Les fondations comtales en Flandre ont toutes des caractéristiques communes : elles sont bâties sur des cours d’eau (à Lille en l’occurrence, c’est la Deûle qui sert au développement), elles ont un pole temporel et commercial, doublé d’un pôle spirituel majeur en sus des paroisses. A Lille c’est la collégiale saint-Pierre qui assume ce rôle.

La première mention de cette collégiale remonte à une charte de dotation datée de 1066. Le comte Baudouin V de Flandre lui octroya le quart du castrum carolingien d’antan, une ferme à Flers et les deux tiers des revenus de l’église d’Annappes et un chapitre de chanoines est aussi créé. Après sa mort, il est inhumé au milieu du chœur de la collégiale Saint-Pierre. En 1088, la collégiale reçoit de l’évêque de Tournai en don l’église et des prébendes de Gits, au nord de Roulers. Ce sont les premières d’une série acquisitions qui va faire de la collégiale Saint-Pierre une des plus puissantes propriétaires terriennes de la région.

Cette collégiale des origines était de style roman et la pierre de Tournai fut largement utilisée lors de son édification, preuve de sa puissance financière : la pierre bleue de Tournai est chère, vient de loin et est difficile à transporter. Dans la première moitié du XIIIe siècle, le chapitre de la collégiale acquiert la statue de Notre-Dame de la Treille réalisée dans le dernier quart du XIIe siècle. Hélas, à la suite de la Bataille de Mons-en-Pévèle, en 1304, Lille est mise à sac par l’armée de Philippe le Bel, la collégiale est incendiée et la statue quasiment détruite : il ne subsistait que sa tête.

La paroisse Saint-Pierre est aussi réduite pour permettre les créations des paroisses Sainte-Catherine, Saint-André et La Madeleine.

En 1405, la comtesse Marguerite III de Flandre y fut inhumée. Philippe le Bon, duc de Bourgogne et comte de Flandre, fit ensuite rebâtir la collégiale et fit restaurer la statue de Notre Dame de la Treille. Il y fonda aussi, en 1425, une maîtrise. Cette dernière permit à la collégiale de développer une vie musicale polyphonique de qualité permanente.

En 1462, l’acte de fondation de l’Hospice Gantois rattacha ce dernier à la collégiale Saint-Pierre. Autant dire qu’elle est omniprésente à Lille. Au fur et à mesure que la collégiale et son chapitre gagnèrent en prestige, ils attirèrent à eux certaines dévotions dont celle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs au cours de la deuxième moitié du XVe siècle et qui ne cessa de s’amplifier.

Sur le plan architectural, la collégiale a connu des évolutions majeures : au XIIIe siècle, la collégiale romane fut transformée en église de style gothique avec de plus grandes dimensions (quoiqu’encore inférieures à celles du XVIIIe siècle). Eglise mais aussi cimetière, elle accueillit la dernière demeure de plusieurs comtes et comtesses de Flandre.

Les vestiges de la crypte romane de la collégiale Saint-Pierre sont classés monuments historiques et sont accessibles, par un escalier, à partir de la rue des Prisons mais sont difficilement visitables, ils sont sous le palais de Justice. Du cloitre de la collégiale ne subsistent que deux arches de son dernier état dans un jardin privé de la place du concert. Le cellier de la collégiale est lui aussi intact sous la cave d’un hôtel particulier de cette même place. Si l’on veut se faire une idée de la taille, additionnez le palais de Justice, le conservatoire et la place du concert et vous vous approcherez à peu de choses près …

François Hanscotte


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