Les MOULINS

lundi 21 décembre 2020
par  François DART
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Les moulins sont nombreux en Flandre. On en trouve encore 10 à 20 dispersés dans le Houtland.

Même si ce chiffre est infime comparé au nombre de moulins présents dans le département au XIXe siècle (environ 1500), cela reste un témoignage inégalé par rapport aux autres régions de France.

Leur histoire en Flandre remonterait au XIIe siècle (première mention en 1183 à Wormhout) et rapidement, ils devinrent indispensables, les villages ayant chacun un moulin, un chiffre pouvant aller jusqu’à 6.

Il existe plusieurs types de moulins en Flandre, mais abordons d’abord leur spécificité.

- 1 Le moulin a vent

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fut le plus répandu dans la région. Il faut dire qu’il a assuré la richesse de la région avec un climat qui assure plus de 300 jours de vent par an. De ce fait, cela palliait l’impossibilité d’utiliser les moulins à eau, faute de grande rivière ou de courant en Flandre.

En Flandre on préférait traditionnellement le moulin sur pivot. Il s’agit d’un moulin à pivot central autour duquel s’équilibre la cage du moulin et que l’on peut tourner manuellement face au vent. Ce dernier bénéficie, lors de sa construction et sa mise en œuvre technique, de quelques spécificités locales. En effet, la structure même du moulin repose sur une couronne de bronze fixée au sommet de l’axe vertical du bâtiment, c’est-à-dire un gros tronc de chêne de plusieurs mètres de long. Appelé moulin suspendu ou perché, il est spécifique des Flandres. Ainsi, les plusieurs dizaines de tonnes de charge du moulin repose sur un disque de quelques centimètres de diamètre.

Une autre grande spécificité du moulin flamand repose sur sur les quatre doubles étais ou liens qui portent toute la masse de la structure.

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Habituellement, le moulin est soutenu par deux solides poutres horizontales appelées soles. Elles se croisent sous le pivot à un endroit appelé « la chaise » et reposent sur quatre piliers de briques. En vérité, elles ne servent qu’à maintenir bien vertical le bâtiment sans supporter sa charge. Ce sont en fait les poutres ancrées à l’extrémité des soles au-dessus de ces quatre piliers en briques. Une autre des raisons qui nous amène à nommer ces moulins « suspendus ». Ce modèle de moulin a pour avantage de répartir la charge en quatre points mais également de faciliter le déplacement du moulin face au vent (tourné grâce à un des treuils fixés sur la queue ou tout simplement par la poussée exercée par le meunier).

Enfin, le dernier point spécifique aux moulins de Flandre ce sont ses ailes. Elles ont pour originalité de ne pas être symétriques comme chez les autres puisqu’elles sont formées d’un côté large composé de barreaux sur lesquels le meunier vient tendre une toile. Aussi, pour améliorer la prise au vent, l’aile est doté d’une courbure.

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Le moulin à vent servait essentiellement à moudre de la farine, à une époque où le pain est à la base de l’alimentation. Mais il moulait également des céréales dites secondaires destinées à nourrir les animaux.

- 2 Un autre type de moulin est appelé à cheval.

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Encore présent chez nos voisins belges et hollandais, on peut estimer en fonction de leurs chiffres la présence de ces moulins à plus de 200 dans le département du Nord au XVIIIe siècle. En effet, il nous est impossible aujourd’hui d’avoir de chiffre exact car étant plus modestes que les autres, ils n’ont pas fait l’objet de recherches. Ils seraient apparus bien avant les moulins à vent et à eau au VIIIe siècle dans le Nord et ont subsisté jusqu’au XIXe siècle malgré le développement des autres types. Certaines grandes fermes avaient leur propre moulin à cheval.

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Ils avaient pour avantage de pouvoir tourner même par temps calme sans vent. Ils assuraient ainsi un minimum de travail.

On les classe en deux catégories : le moulin où le cheval travaille à l’intérieur du bâtiment (plus présent en zone urbaine) et celui où le cheval travaille à l’extérieur. Ce dernier pouvait être fixe sur chariot pour pouvoir être déplacé.

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Le moulin à cheval fixe était le plus présent en Flandre on le nommait en langue régionale « assekot » ou « ross Meule ».En bois ou en briques il était probablement recouvert de chaume comme la quasi totalité des constructions flamandes puis de tuiles. Entouré d’un trottoir circulaire en terre battue ou en briques, c’est là que le cheval avançait. Ce type de moulin, de taille modeste, avait complètement disparu de notre région mais l’Association Yser Houck a construit, en 2009 à Volckerinckhove, ce qui est aujourd’hui l’unique exemplaire de moulin à cheval de la région Nord.

- 3 Le moulin à huile

En Flandre, il n’existait pas seulement de moulin servant à moudre des céréales. D’autres denrées pouvaient passer dans ces structures. C’est le cas de l’huile. On parle alors de tordoir à huiles. Il n’existe malheureusement plus de moulin de ce type dans la région du Nord-Pas-de-Calais. Les derniers connus étaient présents à Cassel, Hoymille et Bourbourg, mais ces derniers finirent brûlés en 1940. Les incendies dont les principaux risques de destruction des moulins : avec leur structure en bois, les frottements provoqués par les freins, la foudre mais aussi le grain échauffé par la mouture sont autant de risques de provocation d’un feu. Le meunier se devait donc d’être très vigilent et cet aspect faisait entièrement parti de son travail.

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Les moulins à huile furent très nombreux cependant, notamment aux XVIIIe et XIXe siècles à une époque où la culture des oléagineux s’est multipliée en Flandre. Pour donner un ordre d’idée, par rapport aux moulins à grains, on avait un moulin à huile pour deux à grains. A Terdeghem et Looberghe, on eut même un moulin qui était adapté aux deux types de denrées. Malheureusement n’ayant pas d’exemple qui ait pu subsister aujourd’hui et à notre connaissance, nous n’avons pas de photo à vous fournir.

- 4 Le moulin d’assèchement

Il s’agit du dernier type de moulin présent en Flandre et caractéristique de ces traditions. Situé en lisière du Houtland, le moulin d’assèchement a pour rôle, comme l’indique son nom, de faire remonter l’eau. Ainsi, on en trouvait à Clairmarais, le long de la Colme ou encore autour des Moëres. Dans ce cas, il ne s’agit plus de moulin sur pivot mais de véritables tours dont seule la partie supérieure pouvait tourner. Cette technique inspira à partir du XIXe siècle, la reconstruction de moulins à grains avec ce principe de calotte orientable. Comme ses congénères, le moulin d’assèchement est construit en bois ou en briques.

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Deux types étaient présents sur le territoire flamand : des moulins à vis d’Archimède et ceux à aubes. De nouveau, rien n’a pu être conservé de ces moulins, mais là encore, la Flandre belge a, quant à elle, pu maintenir certains de ces bâtiments dont plusieurs sont en état de marche comme le moulin « L’Escaut » dans les Moëres.


Association Yser Houck

13 rue de l’Ancienne Gare

59470 Volckerinckhove


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