Alain Neuville

vendredi 7 janvier 2022
par  François DART
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Dans les rues de Grande-Synthe, il passait pour un taciturne.

Il était dans ses pensées, mais si on venait vers lui, il s’illuminait d’un sourire vrai, ses yeux s’ouvraient comme des phares. La dernière fois que nous avons pu échanger, c’était au Palais du Littoral à Grande-Synthe.

On devait se revoir chez lui. Je voulais l’interviewer sur son parcours avec une petite caméra. Il avait une voix plus grave à cause du crabe qui le bouffait. Il cachait son cou sous un cache-nez, les rayons l’avaient enflammé.

Le 3 janvier 2012, il y a dix ans, Alain Neuville s’en allait, déjà 10 ans ! Ce jour-là, Grande-Synthe perdait une médiathèque entière, tant l’image, l’écrit et le son étaient son univers.

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Alain Neuville, homme d’images, mémoire de la ville, est décédé mardi

Dans les villages africains, on a coutume de dire : « Lorsqu’un ancien meurt, ... c’est une bibliothèque qui brûle. S’inspirant de cette citation d’Amadou Hampâté Bâ, avec la disparition d’Alain Neuville, Grande-Synthe vient de perdre une médiathèque, tant l’homme était une mémoire pour cette ville.

Il la connaissait mieux que le fond de sa poche, il l’a filmée, racontée, accompagnée, vécue dans ses moindres joies et peines. Au plus proche des habitants pendant un peu plus de quarante ans, il a été le cameraman, le photographe, le journaliste, le correspondant aussi pour La Voix du Nord, pendant vingt-cinq ans, le conteur en BD avec Éric Miller, un inventeur idéaliste ...

Saint-Éloi Expo, c’est lui

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Intimement lié à cette ville, il y entre aux services techniques en 1966 comme appariteur enquêteur, puis il fut responsable du « service entretien, voirie et fête. René Carême élu en 1971 lui propose autre chose. Patrice Vermeersch, directeur de l’ASTV, se souvient : "René Carême nous avait confié la création du SAV, le Service Animation de la Ville, qui regroupait au départ la culture, le développement de l’activité du Palais du littoral qui sortait de terre, c’était aussi l’émergence d’un service des sports confié à Jean-Luc Mierzejewski, mais sous la responsabilité globale d’Alain Neuville".

Il crée Saint-Éloi Expo en 1973. C’est aussi à partir de cette époque qu’équipé de sa caméra super 16, il fixe sur pellicule les enfants des classes primaires en classe de neige. Il se dépêchait de développer puis d’assembler les films, une paire de ciseaux, de la colle, des raccords adhésifs et les parents avaient des nouvelles vivantes de leurs rejetons qui s’ébattaient dans les neiges des Pyrénées ou des Alpes.

Il a filmé l’évolution de la ville, créant ainsi un fonds d’images photos et cinéma impressionnant. Il a accompagné techniquement la construction des bâtiments tels que les Arts Musicaux, le centre aéré ou la Maison Communale. "Si on n’avait pas eu Alain, je ne suis pas sûr qu’on aurait eu une télé locale, parce que c’est lui qui a amené la culture de l’image à la ville.

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Il a créé les conditions peut-être inconsciemment, pour qu’une chaîne de télé puisse se créer" pense Patrice Vermeersch, troublé. "Alain est décédé 40 ans jour pour jour après notre première rencontre en mairie. On s’est rencontré le 3 janvier 1972 et il est décédé le 3 janvier 2012".

Mardi, Alain Neuville a opéré un fondu enchaîné au noir et écrit le mot fin. VDN du 06012012 -THIERRY FATOU


Au-delà de l’artisanat proposé, venir en famille à Saint-Eloi Expo, c’est aussi découvrir des métiers et peut-être, faire naître des vocations !

Saint-Eloi Expo tient à sa signature, celle d’un salon de métiers d’art où la gestuelle au travail, le soin apporté, se constatent dans les allées du Palais du littoral.


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